14 octobre 2006

Kilimandjaro..



Janvier 78

« Il n’ira pas beaucoup plus loin
La nuit viendra bientôt
Il voit là-bas dans le lointain
Les neiges du Kilimandjaro.. »

..Ce jour là Pascal Danel hurlait à la radio…

Kilimandjaro….un nom qui me fait rêver depuis toujours , comme Bornéo ou Titicaca…

C’est janvier…il fait gris…il fait froid , la pénombre glacée de l’hiver à peine réchauffée par ma lampe de bureau…les affaires marchent bien ,.je suis indépendant…personne à qui rendre des comptes…je tend la main vers le téléphone et appelle l’agence de voyage…..

Deux jours pour régler les détails de mon absence et différer mes rendez-vous…

Orly la nuit…l’avion en provenance de Londres sent la pomme de terre bouillie , les deux petites notes...ding. !.dong ! .attachez vos ceintures …les lumières qui défilent dans le hublot…le dos qui se colle au fauteuil…impression de basculer en douceur…le sifflement des réacteurs...sentiment de bien-être…déjà..Athènes sous la neige , jamais je n’aurais imaginé cela possible…pour moi , Grèce rime avec soleil , été , vacances...pourtant tout est blanc ..les flocons volent dans la lueur des réverbère...escale irréelle , fantasmagorique…rêve éveillé…Je regarde la gélatine émeraude trembler sur mon plateau repas., dessert anglais aux allures de pierre précieuse…si éloigné de l’idée que je me fais des douceurs de fin de dîner…mes paupières se font lourdes …je sombre dans un profond sommeil..


Nairobi…chaleur , la chaleur ..je suis sorti de l’hiver…passage par les toilettes de l’aéroport pour troquer mes laines et velours contre coton et toiles légères…puis immersion brutale dans le tourbillon bon enfant d’une capitale africaine …

Une demi journée passée à mettre au point le programme des dix jours à venir et je peux enfin , la première surprise d’avoir tout à l’envers et de conduire à gauche passée , prendre la piste en direction du parc Amboseli au volant d’une petite voiture japonaise…l

Des centaines de kilomètres de latérite plus tard , à bouffer de la poussière rouge , je franchis l’entrée du parc National pour arriver à la nuit tombée aux bungalows d’Amboseli Lodge..

Confort britannique…bois précieux et cuirs….j’ai l’impression de me retrouver dans un épisode d’Atari ou dans un roman d’Hemingway…repas guindé...vin de Bordeaux dans un décor exotique…je ne tarde pas trop à prendre le chemin de mon petit pavillon pour m’endormir rapidement sous la moustiquaire , bercé par les bruits de savane , épuisé par les derniers vingt-quatre heures…J’ouvre un œil , le soleil entre à flots....des bruits bizarres…j’écarte un pan de la moustiquaire..des singes…des singes fouillent mon sac…je saute du lit.....panique , ça crie et bondit dans tous les sens , l’un d’eux s’enfuit avec ma pipe…il saute par la fenêtre...je me précipite à sa suite…et là…cloué sur place….la veille j’avais ouvert sur la nuit …maintenant , sans rien pour gêner le panorama ,dans toute sa splendeur je l’avais devant moi…

le Kilimandjaro..